Objectif Lune.
C'était en 1999, quelque part entre Paris et La Plagne au cours d'une épreuve non moins formidable sur le plan humain et sportif… La Course du cœur. Cette course relie Paris et La Plagne en relais par équipe de 15 coureurs… tout cela est organisé par une association : TRANS FORME, en vue de faire connaître et promouvoir le don d'organes en France et ailleurs. Une équipe est même constitué exclusivement de « transplantés »…
Cette course est donc une folie sur 4 jours, où quand les uns se lèvent, d'autres se couchent tandis que d'autres encore font une étape de liaison en voiture… Il faut faire les presque 800 km sur 4 jours sous le contrôle bienveillant des motards de la garde républicaine…
Bref, au bout de 2 jours, on ne sais plus qui est qui, où on habite et avec qui on boit au bar d'un hôtel…
Nous avions donc eu les premiers échos lors de notre première course du Coeur en 1998... Accoudé sur un comptoir de bar, un belge nous racontait son histoire... nous pensions certainement à ce moment que la bière le faisait exagérer.Heureusement, il n'en était question que pour les autres... pas question même d'imaginer ce que cela pouvait représenter... nous, pauvres terriens qui nous plaignons de nos pieds endoloris après 10 ou 20 kilomètres.
Les aléas de la vie professionnelle ont fait que l'un d'entre nous, a quitté notre douillette région parisienne pour aller travailler... à la Réunion... précisément là où se tenait cette formidable épopée. Sans se vanter, notre intrépide ami sans doute sous l'effet dévastateur du "Rhum arrangé", se lança dans l'aventure.. Il la réussit brillamment en 34 heures et nous conta son histoire invraisemblable.
La seule lecture du récit ne pouvait nous laisser indifférents... Il l'a réussie, pourquoi pas nous ? Mais comment est-il possible de s'acclimater d'un pareil effort ? Nous a t il tout décrit ?
Autant de questions que seule la participation à cette course pouvait nous apporter la réponse... pourtant, il n'en était toujours pas question... L'idée avait bien germé d'aller voir notre ami Dominique pour passer quelques jours au soleil. Et puis l'un d'entre nous, toujours accoudé à un comptoir protesta :
" Moi, la Réunion, je connais déjà, alors.... par contre, si nous faisions le grand raid... "
De là, comme c'est souvent le cas, est parti une notion de surenchère: "chiche, pas chiche... " et la décision fut scellée par une signature sur le broc à bière... La décision était prise pour deux d'entre nous. Dans ces conditions, je ne fus pas long à décider. Quelques échanges de mèls avec la Réunion et les messages laconiques de notre ami : " ... tu verras, c'est moins traumatisant qu'un marathon à fond... ". Je ne savais pourtant pas ce qu'était un marathon à fond, mais c'est précisément cette phrase qui me fit basculer dans la folie. Je relevais alors le défi de dire, "et si les autres, pourquoi pas moi... ".
L'entraînement qui s'en est suivi fut un brin empirique, nous tentions d'aligner les kilomètres sac à dos et lampe frontale sur la tête tels des extraterrestres dans le froid et la nuit de la région parisienne... au rythme ou les kilomètres s'accumulaient, la date fatidique se rapprochait, et les encouragements de celui qui avait survécu ne faisaient pas que nous réconforter. La pression montait.
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